Une brigade allumée à l’Usine Grande-Baie

À l’Usine Grande-Baie, la sécurité prend un visage humain. Celui de 22 employés qui ont décidé de s’impliquer dans une brigade incendie interne, relancée avec conviction après deux événements marquants survenus en 2024. Leur mission? Être les premiers répondants en cas d’incident, mais surtout veiller les uns sur les autres, avec rigueur, solidarité… et un sacré esprit d’équipe.
La brigade, qui existait déjà il y a plus d’une décennie, s’était tranquillement essoufflée avec les années. Jusqu’à ce que la réalité frappe. « Les deux incendies dans le secteur de la coulée ont vraiment été un électrochoc, raconte Dany Fortin, qui a pris le projet en main. La direction nous a donné le feu vert, mais sur le terrain, il fallait tout reconstruire. »
Avec l’aide de Keven Gagné et Carl Thibeault, Dany a repris contact avec les anciens membres de la brigade, rassemblé de nouvelles recrues et organisé une formation adaptée à la réalité du site. Le tout, sans relâche, pendant près d’un an. « On est partis d’une base fragile, mais avec des gens motivés. »
Aujourd’hui, la brigade est composée de membres provenant de six secteurs différents, chacun ayant une connaissance fine de son environnement. Et c’est là que réside sa grande force : elle agit comme soutien essentiel aux services d’urgence externes, en amont, en attendant leur arrivée. « On est un peu les yeux du site. On connaît les produits dangereux, les zones sensibles, les risques réels. Quand les pompiers arrivent, on est leur référence sur le terrain », explique Carl.

L’équipe mixte Laterrière et Grande-Baie à la formation de base au Service d’incendie de la Ville d’Alma
Une expertise maison
Le mot « incendie » ne dit pas tout. Car les interventions de la brigade couvrent aussi les espaces clos, le sauvetage technique, les premiers secours et la gestion d’équipements spécialisés. Une formation de pompier industriel sur mesure a même été développée avec la collaboration du service incendie d’Alma, incluant des modules spécifiques à la réalité du site : appareils respiratoires, comportements du feu, protocoles d’intervention selon les secteurs…
« Les membres de la brigade sont formés pour comprendre leur environnement et réagir avec précision, insiste Keven. Dans certaines zones, par exemple, l’eau est interdite à cause des risques électriques ou de combustion avec des métaux comme le magnésium. Il faut savoir ce qu’on fait. »
Tous les membres reçoivent aussi une formation avancée en premiers soins, beaucoup plus poussée que le secourisme habituel. On y aborde la réanimation, la pose de canules, la gestion de l’oxygène et même certaines notions de trauma. « Ce n’est pas un titre qu’on leur donne, c’est une responsabilité. Et tout le monde la prend très au sérieux », souligne Dany.

Une équipe effectue les manœuvres de RCR avec défibrillateur
Un projet de brigade médicale dédiée, distincte de la brigade incendie, est d’ailleurs en cours de développement. L’objectif : former entre 16 et 22 personnes supplémentaires dès l’automne, pour assurer une couverture encore plus complète sur chaque quart de travail.
Mais au-delà des formations et des plans d’intervention, c’est la cohésion humaine qui fait briller la brigade. « Dans notre métier, ton collègue, c’est ta vie. Tu dois pouvoir compter sur lui les yeux fermés. Cette confiance-là, on peut dire qu’elle est bien réelle ici », souligne Carl, avec conviction.
Chaque membre porte fièrement un écusson sur son uniforme, symbole d’un groupe engagé, solidaire, fier.
« Ce qui nous rend le plus fiers, conclut Dany, c’est d’avoir bâti quelque chose qui fait une vraie différence. Pour l’usine, mais surtout pour les gens qui y travaillent. »