Forte mobilisation de l’industrie de l’aluminium

L’aluminium demeure sous-utilisé dans plusieurs secteurs d’activités, notamment dans les infrastructures. Un mouvement est toutefois enclenché dans l’industrie. Des initiatives supportés par le Développement Économique Régional (DER) de Rio Tinto visent à démontrer son plein potentiel dans des applications comme les tours de télécommunications et les pylônes en aluminium.

Intitulé Pylônes d’aluminium – du design à la mise en œuvre, l’événement a rassemblé 135 participants, dont 92 % provenaient d’entreprises manufacturières et/ou donneurs d’ordres.

Organisé par le Développement Économique Régional (DER) de Rio Tinto et en collaboration avec la Société de la Vallée de l’aluminium, le CQRDA, AluQuébec et Trans-Al, il s’agissait du tout premier événement canadien entièrement dédié aux pylônes en aluminium, marquant une étape importante pour promouvoir l’innovation dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications. « Travailler ensemble est une véritable opportunité pour favoriser le développement et faire émerger des innovations durables. Cet événement illustre concrètement notre engagement et démontre qu’en unissant nos forces, nous sommes capables de provoquer des changements qui laisseront une empreinte positive pour les générations futures. » souligne Grégoire Gaudreault, partenaire d’affaires au Développement économique régional de Rio Tinto.

La rencontre a mis en lumière les bénéfices distinctifs de l’aluminium, notamment sa résistance à la corrosion et sa légèreté, qui en font une alternative attrayante aux matériaux traditionnels pour la construction de pylônes. Grâce aux présentations et à un panel d’utilisateurs experts. Les présentations ont permis d’approfondir les considérations de conception, d’implantation et de performance des structures en aluminium.

Gestionnaire d’actifs Ingénieur électrique responsable de l’entretien de la ligne de transmission l’usine Rio Tinto de Kitimat, en Colombie- Britannique, Etienne Bourke a offert une conférence qui présentaient ces tours en aluminium qui font face aux pires intempéries du pays, demeure en place depuis plus de 75 ans avec très peu de besoin d’entretien, qui sont un exemple éloquent de durabilité.

De plus en plus de professionnels cherchent à mieux comprendre ces structures, leur conception, leur entretien et leur longévité.

« Les gens veulent savoir comment les tours de Kitimat ont évolué. Depuis l’entrée en vigueur des tarifs, j’ai l’impression que l’intérêt est devenu plus sérieux. Pour certains, c’est un tremplin pour aller plus loin. »

Étienne Bourke, ingénieur électrique

L’aluminium, un potentiel à redécouvrir

 « L’aluminium, ça fait plus de 100 ans qu’on en fait au Québec. On connaît ça, on est bons là-dedans, et on compte plusieurs grandes réalisations qui témoignent de notre savoir-faire. Pourtant, c’est comme si, au fil des années, on n’avait pas su capitaliser sur nos réussites », observe André Poulin, fondateur de REMAC. Cette entreprise innovante s’impose aujourd’hui comme un chef de file dans la fabrication et l’installation de structures, passerelles, ponts et quais en aluminium, un matériau léger, polyvalent et résistant.

Depuis 40 ans, l’expertise de REMAC est mise à profit pour répondre à des défis techniques complexes. En 2019, Bell fait appel à l’entreprise pour concevoir une tour de télécommunications en aluminium qui respecte les mêmes normes et standards que les tours en acier. Le mandat : concevoir une structure de 150 pieds, offrant une capacité portante élevée, tout en conservant une faible emprise au sol. REMAC et Bell s’associent alors à la firme d’ingénierie WSP pour développer un prototype.

Après plusieurs mois de travail, la première tour de ce type en aluminium au monde est certifiée et installée à l’été 2021, dans le quartier des Grands-Boisés à Saint-Honoré.

Yan Fortin, ingénieur et Spécialiste – Construction de réseau chez Bell,  a contribué au projet. Il explique que, bien que les entreprises soit généralement conservatrices dans leurs choix technologiques, notamment pour leurs infrastructures, il y a eu une prise de conscience croissante autour des usages de l’aluminium.

« André Poulin joue un rôle déterminant dans cette évolution. Grâce à son expertise et aux démarches qu’il mène auprès des acteurs du secteur, on constate que la communauté souhaite de plus en plus intégrer des matériaux responsables comme l’aluminium d’ici dans les infrastructures du Québec. Pour soutenir le développement de notre région, nous travaillons activement à faire en sorte que l’aluminium soit présent dans les appels d’offres pour les pylônes, les tours et même les viaducs au Québec », affirme Grégoire Gaudreault, du DER de Rio Tinto.

Le point culminant de cette réflexion a été l’organisation d’une conférence sur les tours en aluminium.

Changer les mentalités

La firme de génie-conseil WSP a a participé activement aux échanges. « C’était un forum idéal pour rester à l’affût des tendances émergentes, échanger avec des pairs et évaluer comment ces innovations pourraient enrichir nos propres initiatives en matière d’infrastructures. », fait valoir Eric Fernandes, Vice-président Télécommunications.

En assistant à la journée de formation, Yan Fortin, ingénieur et Spécialiste – Construction de réseau chez Bell, a vu l’utilité de faire évoluer les perceptions.

 « Dans les télécommunications, on a l’habitude de se tourner naturellement vers l’acier. Je pense que dans des environnements spécifiques, comme en milieu salin ou  lorsqu’elles sont exposées à des conditions corrosives, les tours d’aluminium pourraient être une solution intéressante. C’était intéressant de bénéficier d’une mise à jour des connaissances sur le sujet. »

Yan Fortin, ingénieur et Spécialiste – Construction de réseau chez Bell

Pour Érik Soucy, spécialiste en télécommunications pour le Gouvernement du Canada, l’usage de l’aluminium comme alternative à l’acier galvanisé dans la construction de tours présente un potentiel significatif, notamment pour réduction des coûts d’entretien et en performance mécanique. Selon lui, plusieurs partenaires montrent un intérêt croissant pour ces nouvelles approches, ce qui pourrait amorcer un changement de paradigme dans l’industrie.

« On a eu la preuve technique, mécanique et mathématique que ça pouvait s’appliquer, puis que ça pouvait même être un avantage d’aller vers des tours en aluminium. »

Érik Soucy, spécialiste en télécommunications pour le Gouvernement du Canada

En réintroduisant l’aluminium dans les infrastructures à grande échelle, le Québec peut non seulement miser sur son expertise locale, mais aussi ouvrir la voie à des solutions durables, performantes et porteuses de progrès.